8 - Non-identité, intension, extension, multi-ordinalité, objet, temps selon Korzybski

Publié le par Non-A

Si vous venez pour la première fois sur ce blog, nous vous conseillons de commencer par la lecture du premier article à avoir été publié "Présentation de la Sémantique Générale", à l'adresse http://semantique-generale.over-blog.com/article-3980484.html , puis de lire les suivants dans l'ordre inverse dans lequel ils apparaissent dans la liste des articles.

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EXTRAITS DE LA SEPTIEME CONFERENCE D’ALFRED KOZYBSKI

AU SEMINAIRE DE SEMANTIQUE GENERALE

D’OLIVET COLLEGE EN 1937

 

Traduction d'Isabelle BAUDRON (texte intégral de la traduction des notes du séminaire sur la page
http://semantiquegenerale.free.fr/Articles/Olivet-foreword.html
Version imprimée : http://www.inter-zone.org/catalbooks.html )

" Nous vivons souvent en fonction des représentations des "faits" autant qu’en fonction des "faits". Avant de pouvoir agir nous devons avoir une certaine forme de représentation dans notre cerveau. Avant de pouvoir nous asseoir sur une chaise vous devez avoir une certaine forme de représentation de cette chaise dans votre cerveau et votre système nerveux. Vous agissez en fonction de ces représentations dans votre système nerveux. "

 

"  … une forme de représentation qui surgit dans notre tête n'est pas le fait extérieur. La chaise sur laquelle vous vous asseyez n'est pas l'image mentale de cette chaise. Elles ne sont "les mêmes" qu'à travers les mots que vous utilisez. Et ce ne sont que des abstractions approximatives et individuelles des faits. Si vous êtes "mentalement" malade peut-être verrez-vous cette chaise sur laquelle vous êtes assis comme un couteau. Votre forme de représentation différera entièrement des faits de par sa structure. Si vous étiez "mentalement" malade vous pourriez avoir peur de vous asseoir sur la chaise parce que pour vous ce serait un couteau. Mais en réalité elle n'aurait pas changé. C'est cela qui est important, c'est là où la science et la santé entrent en jeu.

Représenter les "faits" comme des "faits" et avoir une carte-langage qui corresponde aux "faits", revient au même. Voici tout le secret de l'"aliénation" et de la santé. Notre monde n'est pas encore régi par ces notions, c'est pourquoi nous avons un monde si malheureux.

Ceci nous conduit à la loi de non-identité. Il n'y a pas d'"identité" en ce monde, mais toutes les vieilles orientations sont basées sur l'"identité". L'aliénation est basée sur des identifications, des identifications dans un monde où il n'y a pas d'identité. Vous trouverez dans la vie de tous les jours de graves problèmes sans fin générés par des identifications, ou des évaluations inadaptées.

 

Avez-vous jamais considéré des termes comme "oui" et "non", "bon" et "mauvais", "vrai" et "faux", etc. ? "Oui" a un sens par intension, par définition. Mais supposons que vous disiez "Oui, je veux une cigarette." Cette cigarette est le réel contenu de vie extensionnel de ce "oui". Ceci est le contenu de vie d'un "oui" extensionnel. "Oui, je veux un verre d'eau." L'eau est alors le contenu extensionnel de ce "oui 2". Extensionnellement ils sont différents, intensionnellement ils sont "les mêmes". Le vieux "oui" était intensionnel, mais ce que j'ai reçu et expérimenté était extensionnel. Et extensionnellement il ne s'agit pas "des mêmes" oui. Nous pouvons les distinguer entre eux par les procédés extensionnels "oui 1" et "oui 2", etc. Cela s'appliquera très souvent à la vie. Beaucoup d'ennuis humains dépendent de "oui" et "non". Et il en va de même pour "vrai" et "faux" en ce qui concerne les faits, etc. De nombreuses questions, des questions humaines, dépendent de ces termes. Tous ces termes sont multiordinaux comme vous le verrez plus tard et ils ont un sens différent en fonction de niveaux d'abstraction différents. Autrement dit sans indice, je ne sais pas de quoi nous parlons. L'"aliénation" est principalement une inadaptation aux "faits" et à la "réalité" et là-encore, "faits" et "réalité" sont des termes multiordinaux.

 

Vous ne pouvez avancer quoi que ce soit au sujet d'un "fait" sans tenir compte de son contexte et il y a autant de "faits" qu'il y a de contextes. Le langage peut être élémentaliste ou non-élémentaliste. Ceci est un "fait" dans ce contexte-ci. Alors sans indice nous ne pouvons pas traiter des "faits" ni éviter de les confondre. Nous ne pouvons pas espérer garder une vision claire de tous ces "faits" sans utiliser tous les procédés extensionnels. "

 

" Si nous utilisions des indices, etc... (les procédés extensionnels), dans notre tête, nous ne nous embrouillerions pas. Tout ceci est valable pour vous, et pour n'importe qui d'autre.

Je vais maintenant vous montrer un scandale provoqué par le verbiage. L'histoire sur Achille et la Tortue, vous vous en souvenez ? La Tortue était un animal très lent et Achille était très rapide. Manifestement Achille peut dépasser la Tortue. Cependant, je vais vous montrer verbalement que, de façon verbeuse et intensionnelle, on devrait s'attendre à l'inverse. C'est un scandale issu du verbiage vieux de 2500 ans. Cela s'appelle le "Paradoxe de Zénon", et vous le connaissez peut-être. Achille est placé un peu en arrière de la Tortue parce qu'il est bien plus rapide qu'elle. Maintenant Achille devrait partager en deux la distance entre lui et la Tortue avant de pouvoir la dépasser. Ensuite il devrait partager en deux cette moitié puis partager cette moitié en deux et puis partager cette moitié en deux, etc., si bien qu'il ne dépassera jamais la Tortue. Pourtant un enfant sait qu'extensionnellement il n'en est pas ainsi. Tels sont les dangers des questions linguistiques et sémantiques. Les plus grands hommes au monde ont essayé de résoudre ce paradoxe verbal et ils ont échoué. Vous pouvez mesurer les dangers de ce simple scandale linguistique, et dans toute votre vie il y a des dangers tout à fait comparables à celui-ci.

 

Quand vous avez un problème de ce genre vous pouvez automatiquement le résoudre par des procédés extensionnels. Le problème de la santé mentale et de la "maladie mentale" par exemple. Le problème clé ici est le problème de l'adaptation aux "faits" et à la "réalité". C'est le principal problème en psychiatrie. La différence entre santé mentale et "maladie" mentale n'est qu'un problème d'adaptation aux "faits" et à la "réalité". "

 

" … dans l'abstrait, "fait" et "réalité" n'ont pas de sens. "Fait" et "réalité", étant des termes multiordinaux, ils n'ont de sens que dans un contexte donné et par conséquent s'ils sont indexés. …/…

Les termes les plus importants que nous ayons sont multiordinaux et ils n'ont de sens que dans un contexte donné. Maintenant vous pouvez voir pourquoi nous avons besoin des indices et des dates, etc. "

 

" Ici j'ai un ventilateur à quatre lames, quand je le fais tourner vous allez voir un disque. C'est votre système nerveux qui fait cela. Tout cela est un fait fondamental. Le fait que nous voyons un disque là où il n'y a pas de disque mais seulement des lames qui tournent se produit non seulement dans le monde mais c'est également un fait fondamental du système nerveux (ou de l'appareil photo). Vous voyez un objet solide là où il n'y a pas d'objet mais seulement des processus électroniques en rotation. Nous nous voyons les uns les autres comme des "disques", alors que nous ne sommes que des "lames tournantes" d'électricité. Vous et moi, et tous le monde, nous ne sommes que des "lames tournantes". Vous devez être tout à fait convaincus du caractère de ce processus dans la nature. Si vous ne l'êtes pas, regardez l'une de vos photographies d'il y a quelques années et vous serez convaincus que nous sommes des processus dynamiques changeants. "

 

" Nous sommes encore au niveau anthropomorphique "objectif", ce qui est une opération du système nerveux et n'existe pas indépendamment de nous dans la nature. Ce disque n'existait que dans nos têtes. Il en va de même pour tout. A l'extérieur de vos têtes il n'existe que des processus dynamiques et des stimuli dynamiques qui, dans nos têtes produisent "l'objet". Cette table n'est pas plus solide qu'elle est un processus dynamique, processus dont moi, avec mon système nerveux, je fais abstraction, que je reconnais et envers lequel je réagis comme je le fais ".

 

" … le "temps" n'existe que dans nos têtes. Il n'existe pas de "temps" en ce monde à l'extérieur de nous-mêmes. Nous avons des pendules et vous comparez des processus avec des processus, mais il n'y a pas de "temps". Dans la nature il n'y a que des temps au pluriel. Ils sont seulement résumés comme des mesures, un résumé de vibrations chez nous tous. "

Publié dans semantique-generale

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B
<br /> - Le paradoxe d’Achille est de la tortue, n’est-il pas simplement le fait que les gens se posaient des questions sur les nombres, et n’étaient-ce pas du même ordre que le découpage de la matière qui a amené à l’idée de l’atome? On découpe la matière en deux à l’infini, on découpe l’espace en deux à l’infini, et on découpe le temps en deux à l’infini. Il me semble que ce sont de bonnes idées de bases, qu’il fallait se poser. Faire des hypothèses est tout à fait normal, ce sont en général ceux qui les reprennent qui en font de la chair à pâté.. Et que savons-nous des significations de l’époque?<br />
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