13 - Sémantique Générale et Bouddhisme
LA STRUCTURE SELON LA SEMANTIQUE GENERALE ET LE BOUDDHISME
Extrait de " Introduction à la Sémantique Générale " de Hélène Bulla de Villaret
" Donnons ici un exemple du rôle de la structure : l'alcool et l'éther ont tous deux des molécules composées de six atomes d'hydrogène, un d'oxygène et deux de carbone. Malgré cela, nous avons affaire à des corps différents parce que la disposition de ces atomes n'est pas la même dans les deux cas : la structure de la molécule d'alcool est autre que la structure de la molécule d'éther .
Cette notion de structure est particulièrement importante pour nous : toute acquisition véritable de connaissances repose en effet sur une étude des relations, une recherche de structure. Et lorsque nous créons quelque chose, c'est d'abord sa structure que nous cherchons à nous représenter .
II semble pourtant que cette notion, et son rôle, n'ait pas toujours été suffisamment aperçue dans le passé. C'est ainsi, pour ne donner qu'un exemple, que le Bouddhisme, pour faire comprendre l'une de ses doctrines, utilise l'image suivante qui est célèbre... et induit en erreur encore bon nombre de personnes :
" Qu'est-ce qu'un chariot ? A quoi se rapporte le terme chariot quand il est employé ?
" Il n'y a pas " d'essence centrale " dans le chariot. Le chariot est composé des roues, du coffre, de l'essieu, des rayons de roue, du timon et de beaucoup d'autres parties qui le composent. En dehors de ces parties, il n'existe pas de chariot. Le chariot existe dans et par les parties qui le composent. " (Kasyapa: Le Dhamma du Bouddha, Paris, 1947. )
On peut répondre à ceci que, si le chariot n'a peut-être pas, en effet, d' " essence centrale ", il a par contre une structure bien définie, qui lui est particulière, et dans laquelle les diverses parties le composant entrent en des relations précises qui permettront l'utilisation du chariot à des fins bien déterminées.
Ce que nous appelons " chariot " c'est donc, d'abord, cette structure particulière.
Nous voyons donc que lorsque nous avons affaire au " terrain ", à l'égard duquel nous jouons le rôle d'observateur mais dont, ne l'oublions pas, nous faisons aussi partie, nous pourrons mieux nous le représenter, nous pourrons faire des évaluations et par conséquent des prédictions plus correctes si, au lieu de rechercher ce que les choses sont, et qui, en dernière analyse, nous échappe, nous étudions un ordre, des relations, des structures. "